La date du 14 juillet est connue des petits comme des grands : de son apprentissage par cœur à l’école au suivi du défilé sur les Champs Elysées à la télévision, en passant par le bal du village et le feu d’artifice traditionnel du 13 au soir. Tout un chacun possède sa propre perception de cet évènement. Mais se souvient-on vraiment de sa signification ?
Le 14 juillet est la fête nationale de la République française. Elle a été instituée par la loi Raspail du 6 juillet 1880 afin de commémorer la prise de la Bastille en 1789, mais également la fête de la Fédération de 1790, deux symboles de la chute de la Monarchie absolue française, qui marquent le début de la République.
Concernant la Bastille : il faut savoir que la prise de cet édifice est un véritable geste de révolte face à l’autorité de la Monarchie absolue, plus qu’un véritable fait d’armes. Cette forteresse, construite par le roi Charles V entre 1370 et 1383, est à l’origine destinée à défendre la porte Saint-Antoine et les remparts Est de Paris, tout en protégeant également la route menant au château de Vincennes où le Roi souhaite installer le centre administratif du Royaume. Au fil des siècles, elle est utilisée comme arsenal, puis comme prison, acquérant le statut de « prison d’Etat » sous Richelieu. Elle accueille notamment les gens de la noblesse enfermés à la suite de « Lettres de cachet », lesquelles permettent au Roi de décider d’un emprisonnement de manière arbitraire. Ces nobles disposent alors de cellules comportant plusieurs pièces, mangent très correctement à la table du Gouverneur, entretiennent des correspondances avec l’extérieur, voire reçoivent des visites régulières. A l’inverse, le quartier des prisonniers communs est beaucoup moins agréable, ils ne survivent que grâce à la charité. Louis XVI fait supprimer ces cachots en juin 1789, tout comme les fameuses « Lettres de cachets ».
La Bastille est donc un symbole de l’autorité royale arbitraire que le peuple souhaite abattre, dans un contexte de révolution politique avec la création de l’Assemblée nationale constituante le 9 juillet, et de mauvaises récoltes, faisant s’envoler les prix. L’attaque a lieu le 14 juillet 1789. La forteresse est simplement remise aux insurgés suite à la reddition de sa garnison, en échange de la promesse « d’être bien traité » : sept prisonniers, dont quatre faussaires, y étaient alors emprisonnés. Les Parisiens s’emparent de la poudre à canon, pillent les archives, libèrent les prisonniers et décapitent le Gouverneur.
Concernant la fête de la Fédération : le lendemain de la prise de la Bastille, le Roi Louis XVI nomme le général La Fayette commandant de la Garde parisienne, créée pour assurer la protection des habitants et canaliser les mouvements populaires. En parallèle, et dans tout le Royaume, des milices se forment, constituées de Fédérés. Pour le premier anniversaire de la prise de la Bastille, en 1790, le Roi souhaite donc commémorer l’unité de tous les Français en organisant une fête nationale, la fête de la Fédération. Paris est pavoisée, un autel civique à la Patrie est érigé au Champ de Mars transformé en cirque antique… Cent mille fédérés venus de toutes les régions défilent ; une messe est célébrée par Talleyrand assisté de trois-cents prêtres ; des serments de fidélité à la Nation, à la loi et au Roi sont prononcés, ainsi qu’un engagement à maintenir la Constitution acceptée par le Roi, lequel prête serment à son tour.
En 1791, la fête de la Fédération sera plus sobre, après la fuite du Roi à Varennes : la foule refuse d’y participer.
Il faudra presque 100 ans avant que le 14 juillet soit à nouveau célébré, les régimes politiques successifs ayant choisi d’autres dates (fête de l’Empereur le 15 août, fête de la Saint-Charles, de la Saint-Louis, de la Saint-Philippe sous la Restauration, date du 22 septembre sous la Seconde République…) Ce n’est que le 6 juillet 1880, avec la loi Raspail votée à l’Assemblée nationale, que le 14 juillet devient à nouveau la fête de tous les Français, en commémoration de la Prise de la Bastille et de la Fête de la Fédération.
Depuis lors, les communes françaises célèbrent ce double évènement. A Riedisheim, à l’instar de nombreuses autres communes, les festivités ont lieu le 13 juillet au soir. Au programme : bal tricolore, tir de feu d’artifice, mais également, selon les années, distribution de lampions et de flambeaux aux participants, défilé avec musique en tête dans les rues, voire accueil d’une course cycliste « Grand prix de la Ville de Riedisheim » organisée par la Section de Cyclisme de l’Association sportive des Cheminots de Mulhouse et environs en début d’après-midi ! Les archives municipales de Riedisheim conservent les dossiers d’organisation de ces festivités à partir de 1994 : la consultation de ces documents permet de se plonger dans l’ambiance de l’époque et de revivre un peu cet évènement généralement apprécié de tous…
Archives municipales de Riedisheim, 3 R 9/78, 3 R 9/78a, 3 R 9/123 à 3 R 9/134, 3 R 9/166